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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

son attaque, il vit contre sa poitrine le canon d’un revolver… Alors, il gronda :

— Va-t’en ! Mais je ne suis pas vaincu… et malheur à cette fille !

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Pour improvisée qu’elle fût, la fête à l’Helvetia, quand vint le soir, n’en fut pas moins réussie. Elle était servie, du reste, par l’enthousiasme populaire et le délire d’ivresse joyeuse et glorieuse qui animait la foule.

Sturberg avait livré ses jardins à ses ouvriers et y avait fait préparer des installations de fortune. En hâte on avait recruté un orchestre et organisé un bal. Ce fut cordial et très gai. Le temps s’y prêta jusque vers neuf heures. Alors le ciel qui avait été brumeux pendant toute l’après-midi s’épaissit de nuages de pluie, qui finirent par crever. Les danseurs tinrent bon contre la mauvaise chance, mais il fallait bien céder et peu à peu les jardins devinrent déserts. Ce n’était qu’une partie de la fête, celle qui se donnait à l’extérieur. Elle se continuait dans le château. Tous les officiers valides ou à peu près, malades ou blessés, avaient été conviés par Sturberg. Pendant la journée, ceux à qui leur état de santé ne permettait pas de sortir, s’étaient postés à toutes les fenêtres de l’hôpital et de là prenaient leur part de la joie commune.

Rose-Lys, prévenue par Rolande du retour de Simon, n’avait point voulu paraître à la fête. Non qu’elle obéît à quelque sentiment de jalousie. Elle désirait être seule, simplement, sans participer à leur bonheur et sans y chercher une nouvelle occasion de souffrir. Toutefois, la nouvelle imprévue de la présence du jeune homme, tout en jetant de l’émoi dans son cœur, la retrouva au bout de quelques instants plus calme qu’on ne l’aurait cru. Depuis si longtemps elle s’était