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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

rain, une haute luzerne… En une minute, tout a disparu, chevaux et cavaliers… La mitrailleuse fouille, s’acharne, cherchant les corps au ras du sol… coupant les herbes à quelques pouces des têtes… effleurant les casques qui rendent un son mat.

Et là-bas, dans le chêne, les projectiles continuent de faire tomber sur l’officier, immobile parmi les branches, des débris de bois, d’écorce et des feuilles vertes…

— J’irai seul, dit Norbert, et je le ramènerai…

— Mon lieutenant, tout seul, vous ne pourrez pas… fit le maréchal des logis.

— Et pourquoi donc ?

— C’est vrai, vous êtes fort, mais, pourtant, c’est notre affaire, à nous autres…

— Non.

— Alors, c’est bien, on veillera… Mais les Boches doivent se douter du coup, là-bas… Ils nous ont vus… Il croient peut-être que le bois est occupé par nous et qu’on leur prépare un traquenard… C’est précautionneux, cette vermine-là… Et il se pourrait bien aussi qu’ils aient reconnu un officier dans le chêne… et qu’ils essayent de l’avoir, vivant ou mort, à cause de ses papiers, notes et plans où ils trouveraient des renseignements utiles pour eux…

— Raison de plus pour ne pas tarder… Tenez-vous prêts derrière la ferme, quand je reviendrai — si je reviens — pour filer à grande allure… Combien de morts, tout à l’heure ?

— Trois tués et quatre blessés, mon lieutenant.

— Les blessés peuvent-ils monter à cheval ?

— Bien amochés… on essayera… Comptez sur nous, mon lieutenant… Mais si vous vouliez que je vous accompagne, je serais tout de même plus content…

— Merci… Je sais que vous êtes un brave garçon et l’occasion se retrouvera…