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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

menacé cette chère et précieuse existence. Et de temps en temps il portait à ses lèvres la main qu’il n’avait cessé de retenir dans la sienne.

— Tout ceci n’est rien, dit-elle après un silence… Ce que j’ai à t’apprendre maintenant est beaucoup plus immédiat et plus grave…

Elle jeta un regard autour d’elle, vers le château et sous les arbres.

— Ne manifeste aucune émotion de ce que je vais te dire. Il se peut que sans que nous y prenions garde, on nous observe… Et depuis trop longtemps déjà nous sommes réunis… Des soupçons peuvent naître… Ici, les dangers, et quels dangers ! sont partout…

Baissant la voix :

— Tu sais comment Rose-Lys et moi nous nous sommes habituées à dissimuler nos impressions… Nous avons compris que les deux misérables nous poursuivaient et que jamais, nulle part, leur surveillance ne nous avait négligées. À ce point… à ce point… ne va pas croire à quelque aventure imaginée par notre épouvante… à ce point qu’une certitude nous est venue… c’est que le maître de la fabrique de Saint-Denis… celui de l’usine de Corbeil, Schwartz, en un mot… n’est tout simplement que l’un des deux hommes qui veulent ma mort… Sturberg…

— Une certitude, dis-tu ?

— Oui… et son complice ne l’a pas quitté… Longtemps nous avons hésité à les reconnaître. Maintenant, l’hésitation n’est plus permise… Et alors…

— Alors, dit-il, pourquoi n’avoir pas livré ces bandits à la justice ?

— Parce qu’au premier doute qui leur viendrait, le document qui est en leur possession disparaîtrait…

— Ils ne l’ont plus… Ils ont dû le mettre en sûreté… loin de France…

— Oui, en sûreté, mais au château même, dans le coffre-fort du bureau particulier de Sturberg.