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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Quelques minutes seulement s’écoulèrent et là-bas, sortant de la cour où passaient et repassaient des ouvriers reprenant le chemin qui menait au château, une jeune fille se montrait…

Indécise encore à cause de l’éloignement, mais plus visible, plus précise à chaque pas qu’elle faisait en se rapprochant du banc de pierre.

Elle se hâtait et comme le brouillard tombait toujours en fines gouttelettes, à tous les passages du vent, elle avait gardé son capuchon…

Elle s’en venait tête baissée, ne s’occupant de rien autour d’elle.

Elle n’avait pas aperçu Simon…

Au fur et à mesure qu’elle s’approchait, Simon s’était levé.

Son cœur ne battait plus… Quelle singulière vision ! Quelle étrange folie !

Elle passa près de lui sans le regarder…

Mais alors, elle entendit un appel, un murmure, un son de voix qui était un cri, un sanglot, qui était peut-être aussi comme le désespoir exhalé d’un homme qui n’avait plus confiance en lui-même et s’imaginait en proie à une vision déconcertante… Et son nom à elle, son nom de jeune fille, son nom de Rolande, venait d’être prononcé.

Elle leva la tête et regarda l’homme qui avait laissé échapper un pareil cri…

Et, l’ayant regardé, elle recula, les mains tendues… disant :

— Simon ! Simon !

Après quoi, raide, elle s’abattit sur les herbes humides du sentier.

Simon délirait, ne savait que dire, en la soulevant dans ses bras :

— C’est toi ! Ma Rolande !… Mon cher petit !…

Alors, tous les deux ne trouvant plus de mots pour