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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

taines phrases au sens ambigu et comme lointain, il devinait que Jean-Louis était mort parce qu’il avait tenu pour sacrée la mission confiée par Simon…

Quel était donc ce document terrible pour lequel coulait tant de sang ?

Puis il pensa, à lui-même, à l’accusation qui avait pesé sur lui aux jours de la mobilisation et à l’espérance radieuse que lui apportait cette lettre…

Plus qu’une espérance, la certitude de sa réhabilitation.

Parmi ceux qui l’avaient jugé, qui douterait de son innocence, désormais, devant la preuve d’amour toute-puissante que Rolande lui envoyait ?

Mais ses juges, où étaient-ils ?

Il repassait leurs noms, il en faisait le compte, dans sa mémoire.

Norbert de Chambry, disparu depuis longtemps, mort ou prisonnier.

Rosier, tué dans les Flandres, au début de la bataille de l’Yser.

Gerbeaux, nommé comme lui chef d’escadron, dans le même régiment, et commandant le secteur voisin, à gauche de Tahure.

Voilà pour ses trois accusateurs.

Et ceux qui l’avaient jugé ?

Le colonel Normand était général commandant une brigade à Saionique.

Simon lui écrirait…

Pendant ces premières années de guerre, où il avait combattu près de son chef, que de fois il avait vu se poser sur lui, dans une interrogation muette, les yeux douloureux du colonel ! Et n’avait-il pas compris ce que disait ce regard ?

« Malgré tout, je ne puis vous croire coupable… J’attends comme vous la vérité ! »

Il copierait pour son colonel la lettre de Rolande et il la lui enverrait : « Et maintenant, mon général,