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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— J’aime pas ça !

— Dame !

— Qu’est-ce que je fais ? Ni une ni deux. J’arrive près de lui et je lui flanque un coup de pied dans le… comme si que vous diriez au derrière… Il se retourne… Il s’essuie la figure… Il avait l’air de se réveiller… Et qu’est-ce que je vois !… Ah ! pétard de sorti… Le commandant !  !… Il venait d’être plaqué dans la gadoue par une explosion de marmite… Pas blessé… Rien… La commotion, comme on dit… Il se relève en se frottant le bas du dos… Il roulait des yeux furieux… C’est que j’avais tapé dur… et je n’en menais pas large… Cas de conseil de guerre… Douze balles… Il me dit :

« — C’est toi, Rameau… je te retiens… ton compte est bon…

« Et il repart en hurlant :

« — En avant ! »

— Tout ça, fit le copain de Rameau, ça ne nous dit pas ta citation.

— Quèque temps après — j’étais pas crâne — je l’ai reçue… Elle disait :

« A fait preuve d’intrépidité en excitant ses camarades à marcher au combat sous la mitraille et les obus, dans un terrain défoncé et marécageux… A relevé son commandant qui s’enlizait, évanoui par une commotion… »

— Ah ben ! mon vieux…

— Ben quoi ? Je l’ai-t-y gagnée ou je l’ai-t-y pas gagnée ?

Le copain avait répondu, sentencieux :

— Pour sûr !  !

Un peu séché, Simon s’assit sur un escabeau et décacheta la lettre.

Aux premiers mots, à la vue de l’écriture, il eut une exclamation étouffée. Et ce soldat, qui, depuis des années, avait bravé la mort tant de fois, appuya