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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

l’autre ?… Les sonnettes marchent. On les a réparées ces jours-ci et lorsque vous aurez besoin de quelque chose ?

Les jeunes filles écoutèrent le pas lourd de sa jambe articulée qui s’éloignait.

Celui-là, du moins, n’était pas un traître et, sur le revers gauche de sa livrée, deux courts rubans, l’un vert, avec des palmes, et l’autre jaune, disaient sa loyauté.

Rolande murmurait de nouveau :

— Godollo ! Godollo !… Ce sont eux… Maintenant je ne doute plus… Si bien déguisés qu’ils soient…

Rose-Lys répéta :

— Oui, ce sont eux… Je les avais reconnus… et pourtant je n’osais…

— Pourquoi nous ont-ils fait venir ?

La réponse était facile…

Elle leur jaillit à l’esprit en même temps, avec la même épouvante.

— Ils veulent se débarrasser de nous…

Rolande étreignit son amie dans ses bras.

— De moi… seulement… de moi… Et non de toi… Oui, je le sens, je suis en plein danger, comme je l’étais dans le camp, puis dans la prison d’Allemagne ; comme je l’étais à Clairefontaine où ils ont voulu m’assassiner ; comme je l’avais été pendant deux jours à Medgyar…

Elle se tordit les mains.

— Et Simon qui est mort ! Car il est mort… puisque depuis tant de jours nous n’avons reçu de lui aucune nouvelle !… Et mon frère !… Disparu, lui aussi… Mort de misère, de froid et de faim dans la sombre et sinistre Allemagne… Mon Dieu ! Mon Dieu ! qui viendra à notre secours…

— Fuyons, veux-tu ? Ne restons pas ici une minute de plus… Nous nous cacherons n’importe où, dans