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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

guerre, à suspendre l’envoi des dépêches inoffensives.

Ce télégramme, signé Schwartz et Cie, à la maison de Virtenheim de Bâle, disait :

« Sommes en possession de votre commande. Excusez retard à livraison, indépendant de nos efforts et de notre bonne volonté. Prière nous faire savoir d’urgence si nous devons vous l’expédier ou si vous préférez attendre fin hostilités qui peut être prochaine… »

En descendant de chez Noémie, ils avaient croisé, sur le trottoir de l’avenue, Mme Camille qui les attendait.

Brièvement, les trois complices échangèrent quelques mots et se séparèrent. Les deux hommes sautèrent dans un taxi qui les attendait, la femme rentra dans la maison.

Si courte qu’eût été cette conversation, elle avait eu deux témoins.

Rose-Lys et Rolande revenaient de la fabrique.

La vue de Mme Camille attira leur attention, et cette attention se reporta sur les autres. Ces figures ne leur étaient pas inconnues… les yeux surtout… malgré l’adroit camouflage…

Elles se rangèrent derrière un kiosque pour laisser passer Mme Camille.

— Qu’as-tu découvert ? Tu les as reconnus ?

— Oui… l’un par l’autre… l’un, le plus grand, le plus fort… Oh ! il est bien déguisé, mais on ne pense pas à tout… et près de la tempe droite, une cicatrice apparaît… que j’avais remarquée à Medgyar, dès les premiers jours, et surtout en wagon dans le train qui me reconduisait en France… Sturberg, le chef…

Elle s’arrêta. Son cœur battait. Elle étouffait.

— Le second… aux yeux cruels, au regard implacable, Nicky Lariss…