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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Cherchez là-dedans…

Sturberg, d’un coup de canif, fendit la ouate du coussin…

Il eut un cri de triomphe, une sorte de rugissement de joie, ses mains frémirent.

Là, reposait, dans la douce chaleur du corps de Grisette, le sachet de cuir.

Et, du sachet, il tira l’enveloppe intacte, dans laquelle il sentit le cachet de cire de l’enveloppe seconde — on se rappelle les précautions prises par Rolande — où se trouvait le document volé à François-Ferdinand.

Pendant quelques instants, il resta sans parler. La joie le suffoquait. Quant à Nicky il avait reporté l’enfant dans le lit et pâle de rage concentrée, d’envie dissimulée à peine il regardait son complice avec des yeux de haine…

Quant à Noémie, anéantie, le corps agité de secousses nerveuses, elle se taisait.

Enfin, Sturberg murmura, en ouvrant son portefeuille :

— Pour te prouver, ma vieille, que nous sommes de braves gens, je vais te récompenser bien que tu ne le mérites pas.

— Gardez votre argent… vous n’avez eu raison de moi que par la force.

— Comme tu voudras !

— À présent, un conseil, si tu ne veux pas qu’il t’arrive un malheur… garde pour toi ce qui vient de se passer ici… Nicky, nous n’avons plus rien à faire… Filons !

Ils disparurent, silencieusement, si prudents que Noémie ne les entendit pas, lorsqu’ils descendirent l’escalier.

Le soir même partit de Paris un télégramme qui n’excita aucun soupçon et fut visé par la censure, laquelle s’appliqua surtout, comme on sait, pendant la