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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Nous rirons ensemble tout à l’heure, ma bonne… Et Pulchérie ne vous en parla jamais ?

— Jamais…

— Pendant sa vie, peut-être, mais au moment de mourir ?…

— Ni pendant sa vie, ni au moment de sa mort…

— Vous le jurez ?

— Oui, je le jure ! fit Noémie sans hésiter.

— Par tout ce que vous avez de plus sacré au monde ?

Noémie haussa les épaules.

— Je suis seule, je suis vieille, je n’ai pas peur de mourir, bien au contraire… Je n’ai plus ni parents, ni amis… Ceux qui prennent soin de moi sont des étrangers… Je n’ai rien au monde. Il ne me reste que Grisette… Vous voyez que je ne peux pas vous jurer ça…

— Pourtant, la pochette de cuir existe…

— Si vous en êtes sûr, cherchez-la et trouvez-la…

— C’est ce que nous ferons tout à l’heure… mais auparavant, et pour éviter tout moyen brutal, nous voudrions vous convaincre… Cette pochette vaut une fortune… Pulchérie pouvait l’ignorer… Vous voici instruite… Une grosse, très grosse fortune… Ne mentez pas… Vous savez où elle est cachée… Nous vous l’achetons… Fixez vous-même votre prix… et tout se passera en douceur… Sinon…

— Je ne comprends pas un mot à tout ce que vous me dites…

— Sinon, nous emploierons la force… et vous ne toucherez pas un centime… Vous avez un quart d’heure pour vous décider… le temps de fumer deux cigarettes…

Il alluma une première cigarette et flâna dans la chambre, examinant les humbles meubles.

Si peu philosophe et si peu doué qu’il fût de sensibilité, il ne pouvait s’empêcher de remarquer le con-