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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

ouvrières qui les occupaient étant au magasin ou à l’usine et ne rentraient que le soir.

Et sa surprise augmenta lorsque les pas s’arrêtèrent devant sa porte.

Un silence.

Noémie, son torchon à essuyer à la main, le bras fin l’air, écouta.

Des gens, là, de l’autre côté, s’entretenaient à voix basse.

Ils semblaient se consulter !

Personne à l’étage. Noémie était toute seule.

Sans savoir pourquoi, elle eut peur, regarda autour d’elle avec un geste machinal pour savoir comment elle pourrait se défendre, si on l’attaquait.

Les voix se turent et l’on frappa.

Elle ne répondit pas.

Un silence encore et, derechef, on frappa.

Elle retenait sa respiration et, comme elle se trouvait dans l’axe de la porte, elle se glissa de côté, vers le lit, pour n’être pas vue, si les autres avaient l’idée de mettre les yeux à la serrure.

Elle perçut nettement des mots proférés, à voix plus haute.

— Elle est pourtant chez elle… J’en suis sûr…

— Elle ne veut pas ouvrir…

— Alors, forçons la porte !

Des outils grincèrent… tâtonnèrent… Ce ne fut pas long… la parte céda…

Un coup de poing l’ouvrit toute grande.

Et sur le seuil deux hommes parurent.

Ils procédaient sans ménagements, en gens certains de ne pas être dérangés.

Éperdue de frayeur, la vieille s’était laissée tomber sur le bord de son lit.

Elle eut à peine la force de bégayer :

— Qu’est-ce que vous voulez ?… Je ne vous connais pas… En voilà des façons d’entrer chez les gens..