Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

donnait pas de ses nouvelles… qui était mort sans doute… et ses yeux s’emplirent de larmes…

Et parce que Rose-Lys devinait, son cœur, aussi, se gonfla…

pans la même tristesse secrète, sans échanger une parole, elles confondirent leurs âmes. Le même jour, vers deux heures de l’après-midi, Mme Camille, souriante et bienfaisante comme d’habitude, entra chez Noémie.

Elle apportait à la pauvresse un peu de sucre et du chocolat.

Elle lui faisait ainsi souvent la charité et, du reste, participait comme les autres à l’entretien de l’enfant.

Il faisait beau. Le soleil brillait. Depuis vingt-quatre heures la grosse Bertha se taisait. Les nouvelles du front étaient bonnes. Les troupes françaises avaient repris l’offensive et l’effort allemand venait d’être rompu. Un immense espoir emplissait tous les cœurs. La nuit épaisse étendue depuis quatre ans sur le monde était traversée de coups de lumière qui laissaient entrevoir l’aurore de la victoire.

— Je vais promener le petit, dit Mme Camille.

— Bien sûr, ma bonne dame, puisque je ne peux pas le faire moi-même.

Et Noémie resta seule.

En clopinant, elle se mit à frotter ses meubles et fit la toilette de la pendule. Elle n’aimait pas rester à rien faire, et comme ses doigts déformés se refusaient à tous les travaux délicats, elle s’occupait ainsi, toute la journée, à faire reluire les choses qui l’entouraient.

Il n’y avait pas dix minutes qu’elle était seule, lorsqu’elle entendit des pas qui allaient et venaient dans le couloir.

Elle en fut un peu surprise parce qu’à cette heure-là, en général, toutes les chambres étaient vides, les