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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Noémie ne répondit pas. Son regard défiant les enveloppa tour à tour… Peut-être avait-elle un soupçon et n’était-elle pas éloignée de les croire coupables.

Puis voici qu’elle se met à pleurer, tous ses nerfs en danse.

Et dans ses pleurs, elles distinguent une plainte :

— Si l’on est venu une fois, on reviendra… et j’ai peur !…

— Pourquoi reviendrait-on ? Pour voler vos frusques, un peu de linge, votre pendule ?

« Mais tout cela, au Mont-de-Piété, ne rapporterait pas cinquante francs !… Et un pareil risque pour un si petit bénéfice…

Rolande ajouta en riant :

— Ah ! si l’on se doutait que vous cachez ici un trésor, ce serait autre chose…

L’allusion était trop directe, certes, car, pendant la semaine qui suivit, Noémie refusa de leur ouvrir la porte.

Si elle céda, ce fut parce qu’elle voyait les yeux de l’enfant s’emplir de larmes.

Elle leur présenta un visage de plus en plus fermé, lorsqu’elle les revit. Et durant tout le temps qu’elles restèrent à jouer avec Armand, à le faire manger, à le déshabiller et à le coucher, Noémie ne leur adressa pas un seul mot.

Et l’espionnage mystérieux continua autour d’elle.

Une nuit, Rose-Lys se releva deux fois brusquement, et se jeta, demi-vêtue, dans le corridor, pendant que Rolande dormait profondément.

Le matin, pendant qu’elles prenaient leur petit déjeuner, prêtes à partir au travail de la fabrique, Rose-Lys posa sa main sur le bras de Rolande :

— Tu dormais si bien cette nuit que tu n’as rien entendu…

— Que s’est-il passé ?

— Oh ! presque rien… seulement, j’ai fait une dé-