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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Avenue de Saint-Ouen, elles avaient surpris, certain soir, cet espionnage.

Ce ne fut pas la seule fois…

Quelqu’un rôdait là, sans cesse, autour d’elles, soit devant leur porte quand elles se mettaient au lit, soit devant la chambre de Noémie, lorsqu’elles y venaient pour dorloter le petit Armand.

On avait intérêt, sans doute, à entendre ce qu’elles disaient, entre elles, ou si, avec Noémie, elles échangeaient quelques paroles décisives.

Une nuit où Rose-Lys ne dormait pas, ce fut le frôlement à la porte, déjà entendu.

Cela devenait une hantise dans leur vie, un cauchemar ; elles avaient peur.

Un soir elles s’aperçurent qu’on avait pénétré chez elles, fouillé ; certes, on avait eu soin de tout remettre en ordre, mais pas si bien pourtant que toutes deux, sans s’être consultées, ne se fissent la même remarque. Leur premier soin fut de changer la serrure de leur chambre et de mettre des verrous de sûreté. Mais ce même soir, comme elles entraient chez Noémie, elles la trouvèrent à genoux devant son armoire, et toute tremblante. Sans être interrogée elle leur dit :

— Après midi, j’étais descendue avec le petit pour faire quelques pas dans l’avenue… Il faut bien le sortir un peu, le mignon… et quand les voisines n’ont pas le temps, alors j’oublie mes vieilles jambes infirmes et je me traîne comme je peux… Eh bien ! on a profité de mon absence pour pénétrer chez moi… J’en suis sûre… mon pauvre linge n’était plus à la même place… On avait mal replié les draps, et on avait replacé les mouchoirs à la place des chemises… Et cependant, j’ai beau compter, on ne m’a rien volé… non… rien du tout…

La même pensée vint aux jeunes filles.

— Alors si l’on ne vous a rien volé, qu’est-ce que l’on cherchait donc ?