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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

naient pas… et dont la possession devait lui avoir causé bien des frayeurs ?…

Elles surprirent un léger trouble sur le visage ridé de la bonne vieille. Ses mains noueuses et à demi impotentes s’agitaient et se crispaient dans les poches de son tablier.

Et elle finit par dire :

— Je ne sais pas du tout ce que cela signifie… Vous parlez hébreu, mes fillettes…

Elles échangèrent un regard profond par lequel elles se comprirent.

Aucun doute… Noémie mentait… Noémie savait ce qu’étaient devenus les papiers.

Mais insister davantage eût été lui inspirer de la défiance : plus tard, on verrait.

Elles se turent.

Le lendemain, elles accompagnaient Pulchérie au cimetière de Saint-Ouen, où l’Ardennaise fut enfouie dans la fosse commune.

Au 130 ter de l’avenue de Saint-Ouen, quand elles eurent pris congé de Noémie, elles s’arrêtèrent dans la loge de la concierge pour demander :

— La chambre de Pulchérie Boitel est-elle louée ?

— Non, mes enfants, elle est toujours libre.

— Eh bien, nous la retenons…

— On n’aime guère les jeunesses, dans la maison, et si vous êtes coureuses…

— Madame !  !  !

— C’est bon, ce que j’en dis, c’est pour vous prévenir… On paye trois mois d’avance…

— C’est entendu… Nous payerons… Et nous entrerons demain…