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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Que penses-tu ? faisait Rose-Lys…

Fiévreuse, Rolande se levait, parcourait la chambrette.

— Qui sait si elle n’a pas caché ici le sachet de cuir ?

Mais chercher, devant ce cadavre, leur paraissait un sacrilège.

Pourtant, quand Noémie rentra, Rolande lui demanda timidement :

— Madame… j’ai un grand intérêt à vous poser certaines questions…

Les lèvres de Noémie se pincèrent de plus en plus. Il fut visible qu’elle avait un geste de recul et se renfermait pour ainsi dire en elle-même.

— Pulchérie, avant de mourir, ne vous avait-elle rien révélé ?

— Révélé quoi ? dit la vieille, mise sur la défensive.

— Qu’elle possédait un secret qu’on lui avait confié dans des circonstances tragiques ?

— Non… si elle avait un secret, elle l’a gardé pour elle…

— C’est possible, oui, fit Rose-Lys, puisque je le lui avais fait jurer, mais si elle ne vous a rien dit pendant qu’elle vivait auprès de vous, peut-être a-t-elle parlé, au moment de mourir… et alors, ce serait si grave, si grave… Répondez-nous, madame !

— Je réponds… Pourquoi répondrais-je ?… Est-ce que je vous connais ?… Pulchérie est morte subitement à la dernière bombe de la Bertha… Elle n’a pas eu le temps de parler…

— Et vous le jurez, madame ? Elle ne vous a rien confié ?… Rien ?… Rien ?…

— Qu’est-ce qu’elle m’aurait confié, la pauvre ?… Elle ne possédait plus un sou vaillant…

— Je ne parle pas d’argent… mais un objet, peut-être ?… des papiers ?… des papiers qui ne lui apparte-