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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

poussa un profond soupir et je la sentis qui s’alourdissait dans mes bras… C’était fini…

Noémie s’est arrêtée. Voici qu’elle regarde les jeunes filles d’un air soupçonneux.

— Qui donc êtes-vous ? Avant aujourd’hui vous n’étiez jamais venues !…

Et cette question rappelle à Rolande le secret dont Pulchérie était dépositaire.

C’est Rose-Lys qui va répondre :

— Pulchérie était servante chez mon père, à la ferme de Marengo.

— Et moi je suis Rolande de Chambry et j’habitais Clairefontaine…

— Ah ! oui, bien, bien, fait la vieille… pinçant les lèvres… je ne vous demande pas vos papiers.

Ce visage de charité et de bonté se refermait. Les yeux tristes et qui, tout à l’heure, avaient accueilli rentrée des jeunes filles par un regard reconnaissant, se faisaient inquiets et méfiants… et parfois allaient se poser sur la morte comme si, dans une inquiétude soudaine, ils avaient eu besoin de réconfort… Rose-Lys et Rolande n’en firent pas la remarque. Elles s’attardèrent dans cette chambre. Des femmes, locataires de la maison, s’y succédaient, récitaient une courte prière, jetaient de l’eau bénite et après avoir causé avec Noémie s’en retournaient. La maison n’était habitée que par de pauvres gens. Deux ou trois petits ménages, dont les hommes étaient à la guerre, dont les femmes s’employaient un peu partout. Puis, des veuves, ou des vieilles filles, comme Pulchérie et comme Noémie, dont l’existence, on le verra tout à l’heure, était un miracle de réflexion, d’imagination et de calcul. Un instant, Rose et Rolande restèrent seules, Noémie ayant eu besoin de passer dans sa chambre qui était située en face dans le même couloir. Alors, elles échangèrent quelques paroles rapides, à voix basse :