Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

mieux… Et les draps sont bien propres… J’ai fait la lessive, il n’y a pas huit jours…

La guerre, sans cesse, allait renouveler, entre les deux ennemis, ces hasards tragiques.

En ces occasions, ils échangeaient de rares paroles. Du reste, la plupart du temps, la fatigue les abattait en un sommeil lourd duquel on ne les réveillait, au milieu de la nuit, que pour le départ.

Ils venaient de se déshabiller.

Et en sentant contre sa chemise le sachet de cuir où était renfermé le secret de Rolande, Simon, une fois de plus, fut repris de ses craintes… S’il était tué, qu’est-ce que cela deviendrait ? Jusqu’à présent, il avait couru peu de dangers, mais demain, dans la grande bataille attendue ?

Appuyé sur son coude, il resta longtemps sans dormir.

Et il s’aperçut tout à coup que Norbert, non plus, ne dormait pas.

— Norbert !

Le jeune homme tressaillit et tourna la tête du côté de Simon.

— Voyez ceci…

Il lui montrait le sachet de cuir.

— Là se trouvent quelques papiers auxquels je tiens plus que je ne tiens à la vie. Si je pouvais les lire et vous les faire lire, ils vous expliqueraient bien des choses… tout d’abord le mystère de l’attentat qui fut commis contre votre sœur… et ensuite l’obstination du silence que j’ai juré de garder… Je n’ai pas eu le temps, au départ de Sedan, de les remettre en d’autres mains, car sur moi maintenant ils ne sont plus en sûreté… Veuillez me faire une promesse, Norbert, une promesse sacrée… Si je suis tué… ou si je suis mortellement blessé, tâchez qu’on ne laisse pas mon corps à l’ennemi… Et alors, emparez-vous de ce sachet, et qu’il soit en dépôt sur vous comme il