Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
LES ÉCUMEURS DE GUERRE



VII

les gothas la nuit, la bertha le jour


Tous les matins, Rolande et Rose-Lys lisaient anxieusement les journaux auxquels elles avaient envoyé une note concernant Pulchérie.

Les jours s’écoulaient et aucune réponse ne venait.

Elles connaissaient la vieille fille… Confite en des habitudes de toute sa vie, n’ayant dans la tête que le devoir de son travail quotidien, ses idées ramassées sur de toutes petites choses, ne voyant rien au delà de l’horizon qui embrassait les champs de la ferme de Marengo, Pulchérie n’avait jamais lu un journal. Ce n’était ni mépris, ni indifférence. Non. Pour elle, les journaux n’existaient pas. Même pendant les angoisses de juillet 1914, elle n’avait pas manifesté de curiosité et n’avait pas cherché à se rendre compte par elle-même. Elle se contentait d’entendre parler. Il était donc possible qu’elle continuât à Paris l’existence détachée qu’elle avait menée à la campagne. Pas un journal, sans doute, ne lui passait entre les mains. Mais Pulchérie n’était pas seule. Si sauvage qu’elle fût, autour d’elle des gens devaient s’intéresser à sa misère… et l’appel des jeunes filles avait pu parvenir jusqu’à eux…

À moins… et cette pensée les faisait frissonner de peur… à moins qu’elle ne fût morte…