Page:Jules Mary - Les écumeurs de guerre.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
LES ÉCUMEURS DE GUERRE

— Lorsque nous rentrerons à Vienne, notre mission accomplie, tu sais quelle est la récompense promise… Cette récompense, ce cadeau royal, nous devions nous la partager… Je t’ai promis de te l’abandonner tout entière…

— Une goutte d’eau !

— Peste ! tu as pris toi-même de l’ambition !

— Je n’ai fait que suivre ton exemple.

— Et c’est moi que tu charges de couronner ta carrière de… bandit ? Car nous ne sommes que deux bandits… Entre nous, nous pouvons bien nous l’avouer…

— J’aime Isabelle… je l’aime à la folie… et tu me connais, mes menaces ne sont pas vaines… Si tu ne me la donnes pas, elle ne sera à personne !

À la menace voilée, si terrible pourtant, Sturberg resta calme et indifférent.

L’autre continuait, bavant tout le venin amassé depuis longtemps dans sa haine.

— Tu me méprises et tu ne me crains pas… Oui, je t’envie… j’envie ta fortune, si aisément venue, et qui roule entre tes doigts… Pendant que je restais humble, effacé, tu grandissais… Et cependant, qu’es-tu ? Un exécuteur des basses œuvres de la cour… Rien… rien de plus que moi !

— Ton chef !

— Oui, mon chef, et c’est tout… Et lorsque nous aurons réussi notre mission, c’est à toi qu’en reviendra la gloire, comme déjà t’en reviennent les profits… Tu me jetteras, comme à un chien, une part du gâteau, ou le gâteau tout entier… Qu’importe ! Ce n’est pas cela que je veux… Je veux mieux que cela… Je veux que de ces cinq années, pendant lesquelles nous aurons couru des dangers quotidiens, car nous risquons tous les jours notre tête, il me reste au moins quelque chose, et ce quelque chose que je veux, c’est Isabelle…