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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

s’entr’ouvrit, un frais visage parut contre la vitre, s’encadrant dans des cheveux blonds où le soleil matinal se jouait…

Et à la direction de son regard, Nicky voyait aisément quel était, parmi les malades et les blessés, celui qu’elle avait tout de suite cherché et qu’elle regardait.

Nicky ne pouvait s’y méprendre… C’était un regard chargé de passion…

Il laissa échapper une exclamation étouffée. Sa main fouilla la lourde tapisserie à laquelle elle s’accrochait, et l’on entendit le craquement d’un déchirure.

Sturberg ne le perdait pas de vue, le suivant d’un œil oblique.

Il dit tranquillement, une nouvelle cigarette aux lèvres :

— Pourquoi détériores-tu mon mobilier ?

Nicky, d’un geste de haine, désigna Simon, puis la fenêtre d’Isabelle.

— Es-tu donc aveugle ? Ne sais-tu pas qu’elle l’aime ?

Cette exclamation ne parut pas surprendre Sturberg.

— Où est le mal ? N’est-ce pas, même, une sécurité de plus pour nous ?… Ce garçon est devenu mon obligé. Au besoin il nous défendrait…

— Mais lui… lui, n’aura pour ta fille qu’un sentiment d’amitié et de reconnaissance… Ce ne sera jamais de l’amour…

— Pourquoi donc, s’il te plaît ?… Isabelle est assez jolie… assez séduisante pour…

— Il aime Rolande de Chambry.

— Il la croit morte… et des années ont passé… Les souvenirs peu à peu s’effacent… et auprès de lui il aura la beauté vivante d’Isabelle… Le reste ne sera plus que fantôme…