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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Il remarqua, à ce moment, l’air sombre de Nicky, cette face de douleur et de haine.

Et, après l’avoir examiné, il dit brusquement :

— Quelle mouche te pique ?

L’autre enfonça ses ongles dans ses cheveux, dans un geste de rage.

— Tu veux tout savoir ?

— Je te l’ordonne… Je suis le chef et tu obéis…

— Je sais… Tu me le rappelles souvent… Eh bien, écoute… écoute donc !


VI

les deux complices


Mais, avant de continuer, il s’approcha de la véranda entr’ouverte, qui donnait sur les jardins et les pelouses descendant en amphithéâtre vers la Seine.

Il se pencha.

Des soldats et des officiers allaient et venaient lentement autour des massifs, sous les rayons bienfaisants du soleil matinal, blessés ou malades, ou empoisonnés par les gaz et qui étaient hospitalisés à l’Helvetia. Ils étaient languissants et pâles ; quelques-uns marchaient seuls, d’autres, et c’était la plupart, se promenaient appuyés au bras de leurs infirmières et leurs pas restaient lourds, chancelants et incertains, car c’était leur première sortie. Beaucoup s’asseyaient sur les chaises et les bancs qu’on avait