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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Il alluma une cigarette, tira une longue bouffée :

— Jusqu’au où tu m’appris que cette bonne fille habitait avenue de Saint-Ouen… Il y avait un logement vacant sur le même palier. J’y envoyai Mme Camille qui l’occupe depuis cette époque… et vingt fois, Camille a bouleversé la chambre et les bardes de Pulchérie, soulevé les briques, les feuilles du plancher, compulsé page par page les livres de piété, retourné le lit, oreillers, matelas, traversins, sommiers, sans y rencontrer le moindre sachet de cuir… Une nuit même, Camille a réussi à endormir Pulchérie avec un narcotique, soupçonnant que la vieille pouvait ne point se dessaisir des papiers et les portait sur elle… Les vêtements ne renfermaient rien… C’est à désespérer, à croire que je me suis trompé dans mes déductions et que peut-être les papiers sont perdus… Pourtant, nous avons une chance. Cette chance, c’est l’arrivée de Rolande de Chambry à Paris… Après les visites minutieuses dont toutes deux ont été l’objet en Allemagne, nous avons une certitude absolue… c’est que les papiers ne sont pas en leur possession. Et la chance que nous courons, c’est qu’elles les retrouvent en la possession de Pulchérie.

Il s’arrêta un instant, jeta dans une soucoupe le bout fumant de sa cigarette.

— D’où je tire la conclusion suivante : nous avons intérêt à ce que Rolande et Rose-Lys restent auprès de nous, soit à ma fabrique de Saint-Denis, soit ici même, à Corbeil… et nous avons intérêt, d’autre part, à leur faire connaître où s’est réfugiée Pulchérie Boitel… Elles ne manqueront pas de se réunir, cela est certain, et Mme Camille, et toi, vous continuerez votre surveillance…

Sturberg se leva, fit quelques pas, et se tourna vers son complice :

— Est-ce ton avis ?

— Oui.