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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

Elles s’efforcèrent de n’y plus penser. Elles n’en parlèrent plus.

Mais l’image, en dépit d’elles-mêmes, persista dans leur esprit.

Maintenant qu’un peu de calme était revenu dans leur vie, elles recommencèrent leurs tentatives, recherches, démarches, en vue de retrouver Pulchérie.

On leur avait donné un conseil.

Elles le suivirent.

Dans plusieurs journaux de Paris, parut, à intervalles réguliers, la note suivante : « Rolande de Chambry et Rose-Lys Barbarat seraient heureuses de recevoir des nouvelles de Pulchérie Boitel et de connaître son adresse. »

Les journaux s’étaient chargés de leur transmettre la réponse, éventuellement.

Elles attendaient, dans l’anxiété…

Et Rolande disait à son amie :

— Vois-tu, je donnerais ma vie pour la retrouver… tu sais pourquoi…

— Mais ces papiers si précieux pour toi, si elle ne les avait plus ?…

Rolande devenait toute pâle et balbutiait alors :

— C’est impossible ! C’est impossible !… Un si grand malheur… un malheur public…

Or, le lendemain même du jour où cette note avait paru pour la première fois, voici la scène qui se passait entre deux hommes, dans un magnifique cabinet de travail dont la large baie vitrée développait tout le paysage de la rive de la Seine, du haut d’un coteau dominant Corbeil.

Ces deux hommes étaient assis l’un en face de l’autre.

Un bureau Louis XIV en marqueterie palissandre, recouvert d’une glace épaisse pour en protéger le cuir, sur toute sa longueur, les séparait.

L’un était petit, maigre et nerveux, aux yeux faux…