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LES ÉCUMEURS DE GUERRE

rez plus demeurer rue de Lille, je vous conseille de faire un ballot de vos petites affaires, que vous emporterez. Cela vous évitera la peine de revenir.

Le lendemain, toujours guidées par l’infatigable Mme Camille, elles étaient reçues à la fabrique.

Travail, de huit heures à midi. De deux heures à sept heures.

Quinze francs par jour.

Trente francs pour elles deux, puisqu’elles vivaient ensemble.

C’était la fortune…

Elles se mirent en quête d’un logement, et trouvèrent une chambre et une cuisine, au quatrième étage d’une maison de l’impasse Marteau, dans la Plaine-Saint-Denis. C’était tout ce qu’il leur fallait, et la maison n’était pas loin de la fabrique.

M. Schwartz passait tous les trois jours, de deux à quatre.

Elles furent longtemps sans le rencontrer.

Puis, un jour, il traversa les ateliers et s’arrêta un instant aux machines.

Rose-Lys et Rolande étaient tout près.

À plusieurs reprises, elles s’aperçurent que l’homme les regardait, mais quand elles levèrent les yeux sur lui, il détourna rapidement la tête.

Pour la seconde fois — la première, c’avait été au buffet de la gare de l’Est — Rose-Lys éprouva à la vue de cet homme, un sentiment de gêne et de surprise.

Celui-là aussi, comme l’autre, elle s’imagina l’avoir déjà rencontré.

Ces traits anguleux, fortement accentués, pourtant ne lui rappelaient rien.

Mais le regard ! un regard noir et dur, rapide et toujours en éveil…

La silhouette de deux hommes, de deux monstres, surgit à son esprit…

Celle des bandits qui les avaient traqués depuis