Page:Jules Lachelier - Du fondement de l'induction.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée

10 DU FONDEMENT DE L’INDUCTION

semble douter de son propre principe : Royer-Collard n’hésite pas à prononcer lui-même la condamnation du sien.


Un savant illustre a formulé de nos jours l’axiome fondamental de l’induction en disant que, chez les êtres vivants aussi bien que dans les corps bruts, les conditions d’existence de tout phénomène sont déterminées d’une manière absolue. Cette expression est aussi juste que précise et fait parfaitement comprendre comment notre esprit peut passer des faits aux lois : car, si chaque phénomène se produit dans des conditions absolument invariables, il est clair qu’il suffit de savoir ce que ces conditions sont dans un cas pour savoir par cela même ce qu’elles doivent être dans tous. Seulement il y a peut-être lieu de distinguer dans la nature deux sortes de lois : les unes s’appliquent à des faits très simples, comme celle qui porte que deux forces égales et opposées se font équilibre : les autres, au contraire, énoncent, entre les phénomènes, des rapports plus ou moins complexes, comme celle qui porte que dans les espèces vivantes le semblable engendre son semblable. Rien n’est moins simple, en effet, que la transmission de la vie, et il est certain que la formation d’un nouvel être exige le concours d’un nombre prodigieux d’actions physico-chimiques : il est certain également que ces actions ne s’exécutent pas toujours de la même manière, puis-