et dont les vagissemens ressemblaient aux vagissemens des autres enfans. La mère du marquis de Sade était une honnête femme, dame d’honneur de Mme la princesse de Condé. À peine son fils eut-il six ans, que la bonne mère l’envoya en Provence, sous les orangers en fleurs, afin qu’il eût un air pur, afin qu’il pût contempler un ciel bleu, afin qu’il grandit comme un enfant Provençal, au milieu des fleurs qui s’épanouissent sur le bord des fleuves qui murmurent, à la clarté de l’étoile qui scintille, et non pas comme un chétif Parisien entre les quatre murs d’une maison, cette maison fût-elle à un prince. Que pouvait faire de mieux la mère du petit de Sade pour son fils ? De la Provence, l’enfant passa à Exeuil en Auvergne, auprès de son oncle l’abbé de Sade, le même spirituel écrivain dont nous parlions tout-à-l’heure, qui lui apprit à lire dans les lettres de Laure et dans les sonnets de Pétrarque ; l’abbé eut mille soins de ce neveu qui lui venait de Laure, sa dernière passion : il le menait avec lui dans les belles montagnes de l’Auvergne, il lui apprenait ces mille petites sciences qui sont à la portée de tous les enfans, à réciter une fable de La Fontaine ou l’oraison dominicale, à tendre la main au pauvre qui vous tend la main, à bien recevoir l’étranger qui passe et qui demande un asile pour la nuit, à retenir les noms des grands hommes de la France, surtout à bénir le nom de son aïeule, Laure de Noves, la Laure de Pétrarque. Voilà comment fut élevé cet enfant, qui des eaux du baptême fut trempé dans les eaux de la fontaine de Vaucluse, cet autre baptême ; puis, quand il fut assez fort, quand il eut assez joui de son enfance bienheureuse, son oncle, son père et sa mère, et Mme la princesse de Condé, le placèrent au collège de Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques : la patrie de Gresset, cet homme d’esprit qui eut l’honneur d’inquiéter Voltaire, et à qui nous devons le Mechant et Vert-Vert.
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