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[Morphologie]

La morphologie ne gêne guère non plus notre auteur. Il ne met guère plus d’s au pluriel que d’e aux formes féminines : gran = grands ; les ouie ; di toitte se foisse ; beûr a pti cô ; se g’vet (ses cheveux). — On trouve (sait), som agglutiné en un mot pour so m’. On admirerait ce radicalisme s’il ne fourmillait pas d’inconséquences. [Appréciation générale.] Dans ses naïfs essais de représentation phonique, contaminés ça et là d’analogie superficielle, Cambresier est bien le continuateur des siècles précédents, autant qu’on peut s’en rendre compte par les échantillons que la Société wallonne en a publiés.

REMACLE.

[Ses principes.]

On ne quitte pas le domaine des velléités phonétistes en passant de Cambresier à Remacle. La première édition du dictionnaire de Remacle parut en 1823, à Liège (Bassompière), en un volume.

Il en fit paraître une seconde, en deux volumes, très augmentée et très peu corrigée, à Liége, chez Gnusé, sans date ; (d’après Grandgagnage, I, vi, chez Collardin, le tome I en 1839).

L’édition de 1823 débute par une grammaire en 48 pages, où nous pourrons puiser des renseignements sur les procédés graphiques de l’auteur.

Remacle parle aussi de son oreille, qu’il érige en criterium. Il ne sait pas, apparemment, que l’oreille ne distingue bien qu’en raison de la puissance de discernement du cerveau. Dans une note curieuse sur l’apostrophe (p. 2) l’auteur dévoile quelques-uns de ses principes : « En calquant l’orthographe du dialecte wallon sur l’orthographe française, je devrais répéter jusqu’à satiété le signe de l’élision. Chaque fois que le wallon trouve un appui pour soutenir sa voix, il supprime une ou plusieurs voyelles, il emploie même jusqu’à la contraction pour précipiter l’émission des syllabes et des mots.