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VISIONS DE L’INDE

nagent. Hommes, femmes, enfants, troupeaux, chiens, chameaux s’acheminent lentement, vers les cieux nouveaux. Ils n’ont point les visages terribles que feraient supposer les piquets menaçants. Ce ne sont plus, il est vrai, les Hindous mous et nerveux ; ce sont de graves visages comme j’en ai vu dans les déserts de l’Arabie, avec ce rayonnement de probité que seul donne le soleil des montagnes.

Probité et bon sourire, aménité robuste avec une familiarité goguenarde. Afghans et Afridis sont là qui nous regardent, sans méchanceté, avec une curiosité plutôt bienveillante. « Ce sont des hommes forts, doivent-ils se dire entre soi, ceux qui, si peu nombreux, sont venus de l’Occident et dominent déjà une si grande part de l’Asie. » Ou plutôt, ils ne se disent rien. Ils ne sont pas corrompus par les villes, leurs poumons ont respiré un air pur où la vénalité et le crime vulgaire ne traînent pas et ils nous considèrent comme de vagues frères plus riches et plus puissants. Ah ! si le fanatisme tout à coup les possédait, nous n’en mènerions pas large ! Ils s’écartent, et parfois, quand l’encombrement est trop grand pour que notre tonga continue sa route, mes compagnons anglais échangent avec eux, comme d’égal à égal (nous ne sommes plus dans l’Inde !) quelques paroles cordiales.

Toutes les routes sont maintenant pleines de cha-