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VISIONS DE L’INDE

derrière leurs fenêtres grillées. Partout, d’exquis balcons de bois gondolent, et, par les interstices, je goûte la vision d’un peuple qui travaille ou somnole dans des chambres caduques ornées parfois des plus hideuses lithographies européennes. Je m’en lave les yeux en admirant, sur les murs extérieurs des monuments, d’exquises fresques, dans le plus pur goût hindou, d’un boticellisme excessif d’attitude, et impressionnistes de couleur ; elles racontent les épisodes idylliques ou belliqueux du Ramayana.

La foule en bas grouille très noble, les hommes le front boursouflé par d’énormes turbans, les jambes nues, les femmes hindoues généralement sans voiles, l’anneau du nez dansant jusqu’au menton, le visage bruni de certaines grecques ; en revanche les musulmanes se dérobent, toutes, sous de jalouses mousselines. Quelques passants avec leur barbe déteinte et aussi fauve qu’une crinière, leurs yeux mystérieux et lourds, semblent des ennemis qui seraient devenus insensés. — Le colosse où je me pavane fend la multitude comme un vaisseau énorme une rivière paisible.


Je descends visiter les mosquées ; elles s’ouvrent immenses ; leur cour intérieure est large comme un caravansérail construit pour abriter un peuple.