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VISIONS DE L’INDE

autres villes de l’Inde pittoresques, morbides, malpropres et, comme le disent les Anglais, « incongrues ! »

Pour arriver au Palais, le cortège impérial du Durbar, avec ses cent cinquante éléphants, ses chameaux, ses chevaux admirables, dut prendre le Chandi-Chouk, la rue principale de Delhi, toute animée par de pimpantes boutiques de tissage, de maroquinerie, d’orfèvrerie, de pacotilles d’art avec la banque sur le parcours. Là, se coudoie tout un peuple cosmopolite, de couleur et de costume disparates, parlant les langues les plus diverses comme dans les bazars de Constantinople ou de Damas.

Les maisons misérables de ce Chandi-Chouk où banque, mosquée, boutiques font bon ménage, affectent pourtant des airs de palais avec balcons et colonnades ; mais la pierre est sordide, le bois gâté et déteint, les murs effrités chancellent les uns contre les autres. Des bœufs, avec des guirlandes de jasmin, dorment sur les pavés ; les singes grimpent aux fenêtres des échoppes, les chèvres mordent à des salades que les marchands ambulants ont installées, au milieu de la chaussée.

Cependant nous sommes dans un boulevard large de quarante mètres et long d’un mille ; une double rangée de tamarins met la frange de son ombre sur cette poussière et cette fange qui sentent la fièvre. Un