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VISIONS DE L’INDE

terrasses, ses recoins, ses larges salles dallées, est encombré d’une population douce, joueuse et vautrée. Pas de rixes, presque pas de cris, un bourdonnement de ruche paresseuse. Que de marchands de fruits et de pâtisseries ! Vainement, je tente d’y goûter, tout cela m’écœure. Trop de soleil, de poussière, de fadeur : Pays décevant où l’on serait en droit d’espérer pourtant des primeurs savoureuses sous un soleil mûrisseur ; mais l’excès de chaleur nuit aux vergers, tout s’y liquéfie, les roses colossales ne répandent aucun parfum ; les fruits, délicieux d’aspect, de forme capricieuse, sont dilués au goût et tièdes atrocement. L’eau gluante mouille les places d’ombre où la populace s’est couchée ; partout, des détritus où le pied glisse, une malpropreté d’enfants qui ont craché leur dînette et l’ont piétinée.

Le père a plein la bouche de confiseries rebutantes et d’éloges pour son fils.

« Il est fiancé, déjà, Sâb ; l’astrologue lui a découvert sa femme parmi les fillettes d’une famille de notre caste et nous avons échangé des présents, son père et moi. Comme il était joli sous les fleurs, assis sur sa petite chaise à côté d’elle et porté en triomphe dans notre jardin ! Voyez… il conserve sur la poitrine en scapulaire la poussière des pieds d’un saint. »

17.