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VISIONS DE L’INDE

est impossible de ne pas remarquer le mausolée de l’empereur Humayon, qui, antérieur d’un demi-siècle au Taj, en a sans doute inspiré l’architecture. Maintenant, lors des foires et des fêtes religieuses, c’est là que les habitants de Delhi et des environs viennent manger les fruits du pays et boire les liqueurs parfumées. Ce noble monument est un souvenir de la gloire indienne et de la revanche britannique. En effet, si le père du grand Akbar. Humayon, rappelle encore aux indigènes, par o marbre et la pierre purpurine de sa tombe, la fierté et l’art mongols, un officier anglais, le major Hodgson, y étouffa dans le sang le dernier grondement à Delhi de la terrible révolte des cipayes.

C’était le 23 septembre 1857, Delhi venait d’être reprise aux Mongols et le dernier empereur était prisonnier. Son fils et ses deux cousins s’étaient cachés avec une bande de rebelles dans le mausolée de l’aïeul. Hodgson vint les y chercher avec seulement quelques soldats shiks ; et, payant d’audace, il somma les trois princes de se rendre sans condition. Ceux-ci, impressionnés, obéirent et montèrent dans le char qu’entouraient le major et sa garde. Mais, sur la route de Delhi, la population, de plus en plus nombreuse et irritée, menaçait le cortège, décidée à délivrer ses princes. Alors Hodgson n’hésita pas ; de son revolver, à bout portant, il tua