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VISIONS DE L’INDE

V

Les exploits d’un bébé tout-puissant.

Le Dieu a beau être rassurant, les prêtres restent encore fanatiques. Malgré les mentrams ésotériques que m’apprit un initié de grade supérieur, ils s’opposent longtemps à mon introduction dans la cour intérieure dont le seuil est défendu par de farouches sacristains et plusieurs versets des Védas inscrits dans la pierre. Là comme partout, les plus ignorants sont les plus exclusifs. Enfin, avec Rada, je puis distinguer dans des chapelles latérales de délicieuses fresques. Le dieu est couché sous un arbre de serpent avec un nombril prolifique, d’où s’élance le lotus du monde qui porte Brahma. Rada, toute joyeuse ce matin, m’explique, dans un anglais qu’enchante le gazouillement de l’hindoustani, ces légendes peintes que je connaissais déjà pour les avoir lues dans le Bhagavad Pourana[1].

Et d’abord les premières années du dieu Chrisna.

« L’enfant merveilleux, susurre la bayadère, grandit, comme ces peintures le montrent, parmi les troupeaux et les bergers, loin des villes impures. Ses

  1. Les Pouranas sont de recueils de légendes mi-sacrées, mi-historiques.