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VISIONS DE L’INDE

Certains de ces quadrumanes font leur toilette et se trient réciproquement la tête ou le dos avec des gestes et un sentiment pareils à ceux des bimanes. Combien de fois j’ai aperçu sous la vérandah une fille exquise peignant sa mère, puis, de temps en temps, fourrageant, avec des mains insecticides, dans l’épaisse chevelure ! et je me demandais qui des deux imitait l’autre, l’animal ou l’humain ?

La liberté fait les peuples grands, dit-on ; elle fait aussi les animaux plus beaux et moins sournois. Je n’ai jamais entendu ici un singe hurler désagréablement, je n’en ai jamais vu menacer ou mordre.

Ils n’affectent jamais cet air peureux et méchant que l’Europe leur donne en croyant les apprivoiser. Quelques-uns reproduisent les attitudes languides des Hindous, mais la plupart, plus vifs, paraissent plus avisés ; et leurs yeux rapides amusent à côté des prunelles mornes que découvrent les lourdes paupières des hommes.

IV

La rivière aux divines tortues.

Dans nulle autre ville, même à Bénarès, — Muttra est au dieu Chrisna ce que Bénarès est à Shiva,