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VISIONS DE L’INDE

II

Un Curé français perdu dans l’Inde.

Le « station master » apprenant que je suis français, me dit, dès l’arrivée à Muttra, que la ville sainte des hindous renferme une église catholique. « Elle a même un curé français, » ajoute-t-il. Cette nouvelle concorde tellement avec les souvenirs de Judée qui s’éveillent en moi, en touchant la terre où naquit le délicieux et mensonger Christ de l’Inde, que je jette à mon cocher l’adresse tout d’abord du presbytère romain.

L’enfant rusé, mon conducteur, aux oreilles percées d’anneaux énormes, aux yeux très doux dans la face trop brune, a compris tout de suite. Il a suffi pour cela que je prononce le mot de « padre ». Le « padre », c’est, dans toute l’Inde, le prêtre romain.

À cette heure, l’église est close. Les offices sont rares ; le desservant n’a personne pour le seconder. Le monument rappelle nos églises normandes et ne diffère pas beaucoup des temples protestants. À côté, le bengalow où gîte le curé. Après avoir longtemps attendu, un vieillard chauve, craintif et poli, modestement vêtu d’une longue lévite de pasteur,