Page:Jules Bois - Visions de l'Inde.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
VISIOINS DE L’INDE

V

La plus gigantesque des boîtes à joyaux.

On a comparé Fattepur-Kipri à Pompéi. Pompéi est plus près de nous, par l’art, par la pensée, par la médiocrité restreinte des monuments. La ville de l’Inde est plus grande, plus belle, plus forte, plus attristante. Ce ne sont pas les laves d’un volcan, qui l’ont dépeuplée et conservée, elle est la création et la victime d’une névrose impériale et de la mystification d’un saint. Il reste, dans son atmosphère, un peu du spleen qui l’a construite puis délaissée.

La distance d’une porte de la cité à une autre porte est de trois milles. Ici l’énorme côtoie le joli. La « Birbuls’house » est un chef-d’œuvre de gentillesse. Là vivait sans doute la fille d’un conquérant. Cette maison a deux étages tout en grès ; et la massivité des matériaux s’allie à la minutie du travail. On dirait qu’un de ces ouvriers chinois qui cisèlent merveilleusement l’ivoire s’est appliqué à faire avec de la pierre rouge un coffret. Le bois est absent partout. Et je me suis souvenu du texte de Hugo : « C’était partout une magnificence à la fois raffinée et stupéfiante : si ce n’était pas le