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VISIONS DE L’INDE

c’est une variété de détails incomparables, la vie moderne avec les laborieuses blanchisseuses étalant leurs linges sur des buissons desséchés, et le Taj au loin, et les fossés tout près, et, dans le fond, la ville atténuée dans sa fumeuse haleine.

Je ne saurai suivre par ordre les différentes salles, les demeures innombrables dans ce palais d’Akbar. Je suivrai seulement la trace que ces splendeurs ont laissée dans mon souvenir. Je revois la petite mosquée, délice de piété blanche avec un mirab réduit qui enchâsse la pierre où priait Akbar entre ses deux fils ; puis l’emplacement étroit où fut emprisonné pendant sept ans l’empereur Sha-Jahan, devenu l’esclave de son fils, et les souterrains étranges avec leurs portes aujourd’hui obstruées, qui conduisaient aux places les plus importantes de la ville.

Tous ces monuments énormes sont aussi pleins de puérilités et de jeux que de robustesse et de crimes… Dans une cour intérieure, des dalles de couleurs différentes simulent un damier géant. Les Empereurs y jouaient aux échecs avec des pions vivants. C’étaient des princesses vêtues de robes aux tons éclatants qui donnaient toute la gamme de l’arc-en-ciel. Elles se mouvaient selon la nécessité du jeu et les caprices du joueur. Et elles glissaient de dalle en dalle comme les pièces animées d’un échiquier. Ainsi ce plaisir, fait de combinaisons