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VISIONS DE L’INDE


IV

Lamentations d’un hôtelier

De grand matin, je descends chez le « proprietor » complaisant qui, levé depuis cinq heures, lit des revues et des livres de science tout en surveillant les ouvriers :

— Si vous voulez bien connaître Naïni-Tal, me dit-il, prenez avec vous le brahmane Bharamb qui connaît à fond les indigènes et vous contera les légendes merveilleuses du pays.

J’accepte, tout en regardant par la fenêtre les natifs, découpant des solives, fendant des planches. Tout cela va se transformer en escaliers, en vérandas. Des femmes travaillent aussi, déblaient le terrain, emportant ou rapportant sur le coussinet de leurs chevelures, avec un sens exquis de l’équilibre, des pierres superposées qui jamais ne glissent. Leur cou est musclé, leur sein ferme sous l’étroite tunique. Parfois, elles s’arrêtent pour jouer comme des chèvres, se poussant de la tête, se renversant avec des rires… Et l’on croirait assister à quelque idylle champêtre extraite du « Mahabaratta ».

Mon brave Anglais m’expose ses doléances rési-