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VISIONS DE L’INDE

même lit ; ils sont dans la même pensée, dans le même amour… Cela s’avoue d’une façon aussi éclatante que le péril charmant de l’eau voisine, que le tremblement des saules ou l’altière grâce des coteaux lourds de chênes et de palais blancs. S’ils ont ce sans-gêne, c’est que la « season », n’est pas commencée ; ils sont presque seuls de la société, et, moi qui passe, je ne compte pas, n’étant pas un Anglais (à tant de choses ils le devinent). Et je ne sais pourquoi, dans mon impression première, j’associe ce couple d’amour et ce lac perfide et charmant…

Ce sont à peu près les deux seuls voyageurs installés dans le pays, venus, pour devancer la saison, pour être moins surveillés sans doute, à Naini-Tal.

Je ne trouve d’ouvert que l’ « Hôtel M*** », qui plane au-dessus du lac. Je suis reçu par le propriétaire, un brave homme, serviable, qui dirige, sous son casque, les équipes d’Hindous occupés à construire une aile nouvelle à son bâtiment. Il s’excuse, la maison n’est pas en état encore, et il ne loge chez lui que deux hôtes ; je n’ai pas de peine à deviner que c’est justement le couple, tout à l’heure, rencontré. Nous en parlons, tandis qu’il monte me conduire à ma chambre, propre et claire, au plafond boisé, aux meubles sus-