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VISIONS DE L’INDE

tieux qui veut glorifier ses souvenirs. Labore et constantia, est-il écrit au faîte. Il fut, en effet, persévérant et travailleur et, quoique soldat, un pacifique. Dans leurs miniatures, les artistes indiens le célèbrent, à la cour de leur prince, vêtu comme un natif, respecté et aimé, aimant lui-même ce royaume d’Oudhe, où il ne s’installa pas en conquérant, mais où il vécut en ami. Il ne professait pas le mépris britannique pour les indigènes ; Français, il sentait comme le grand Dupleix, qui rêvait une Inde libre et régénérée.

Quand nous arrivons à la Martinière, les jeunes orphelins qu’on y a installés préparent une estrade pour un concert qui aura lieu le soir. Des Hindous cousent des draperies. Le principal du collège s’arrache galamment à ces préparatifs de fête pour nous conduire dans la crypte où repose le tombeau de Martin. C’est une cave arrondie, avec des niches. Nous y accédons par un escalier assez obscur, précédés par des domestiques qui portent des bougies sur des tiges de fer. Depuis la « Mutiny », le sarcophage a été transporté dans une salle voisine. Sur le marbre blanc, il est dit, en anglais :

« Ci-gît Martin, né à Lyon, en 1735 ; venu simple soldat dans l’Inde, il y mourut major général. Priez pour son âme. »

À côté, dans un cachot, fermé par des portes en