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VISIONS DE L’INDE

— Ah ! Sâb, s’écria-t-il le cœur débordant de reconnaissance, vous ne savez pas comme la police est méchante chez nous ! Vous la trouvez zélée. C’est qu’elle travaille pour elle. Elle est bien trop maligne pour demander à celui qui fait sa plainte. Ce sont les autres, les soupçonnés, qu’elle exploite. Il faut payer, payer encore, — que l’on soit innocent ou coupable. Celui qui est volé ne retrouve pas souvent ce qu’il a perdu ; mais les pauvres diables comme nous, si nous sommes compromis, nous devons donner jusqu’à notre dernière roupie pour acheter notre innocence. Aussi, dans l’Inde, la police est un bon métier…


IX

Ramnagar.


La barque du rajah sille le Gange, ayant comme proue de magnifiques chevaux bondissants ; je suis sous un dais rose, les rameurs silencieux m’entraînent vers la vieille citadelle. Elle se dresse sur des remparts enracinés au fond du Gange. C’est un ramassis de galeries, de bastions, de temples. Je gravis l’escalier monumental qui baigne dans l’eau. L’Inde d’autrefois me gagne, puissante, héroïque,