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VISIONS DE L’INDE

ma paresse. Il était paternel et servile. Il se mettait à genoux pour me parler ; il faisait mes malles comme une fée ! Et la petite abeille en or bourdonne sur le journal anglais : « Reprends-le ; après tout, à sa façon il t’aime. C’est si inexorable d’être seul. » Rozian, là-bas, à l’ombre de la porte, me guette. Je fais un geste… le voilà à mes pieds !

« Sâb (seigneur), dit-il, le « picturesman » est là avec l’homme de police. Frappez-moi, mais ne me dénoncez pas. Il est si méchant ! »

Va, Rozian, n’aie pas peur, je ne dirai rien ; cette affaire ne m’intéresse plus qu’en tant qu’aventure entre mille autres.

Néanmoins, je reste silencieux comme un juge et je vais vers le groupe qui épilogue devant le rideau de ma chambre… L’« assistant collector » est là. Il domine le sous-officier et le voleur de sa haute taille, ses regards bleus de jeune fille violente sont durs comme des saphirs. Il ne badine pas, il officie, il est l’Angleterre ; il est, si j’ose dire, la Justice… Il a mis la jugulaire de son casque colonial et il questionne le voleur en hindoustani. Celui-ci est plus rampant que nature. Le visage royal, le profil de héros s’abaissent vers la terre, les prunelles bougent, voilées, haineuses, comme celles des petits fauves qui se sentent pris. De moi, il ne tient compte, je suis moins que rien, un « meleck » qui