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de la chair & ses dissolutions & gourmandifes desordonnées ; ains en celle qu’il disoit estre en cette ioye & tranquillité de corps & d’esprit, & en cette soubstraction de ce qui peut caufer & apporter douleur. Et de faict il ne vouloit que l’on suivist toute volupté, ny aussi qu’on rejettast toute douleur, ains qu’il falloit mefurer avec un meur iugement les choses vtiles auec les inutiles, au compas du plaisir & contentement, comme pour exemple, il vouloit que quelquefois l’on fust frugal & fobre, ou bien afin que l’on iouist du plaisir de la santé, ou bien afin que l’on vacquast plus à l’aife à d’autres exercices, ou enfin, afin qu’en cas de necessité l’on se passait avec moins de douleur des choses superfluës ; mais rapportoit tout à la volupté, faifant pour iuge & modératrice la prudence en l’eslite & suite des choses ou opinions qui pouvoient troubler ou altérer nostre contentement ; & partant aussi, bien qu’il establit la volupté pour souverain bien, il ne reiettoit pour cela la vertu, ains le requeroit en fon disciple, mais fubfidiaircment ; difant qu’elle estoit desirable comme la medecine pour la fanté, non pour elle-même, mais en tant qu’elle donnoit du plaisir ; ainsi conioignoit-il la volupté du corps avec celle de l’ame, l’appellant toute la félicité à une vie ioyeufe. Et sur ce fondement il reiettoit tous les arts liberaux comme apportans du trouble a nostre ame, & diminuans nos contentemens. Reiettoit la prouidence divine & nioit l’immortalité des âmes lesquelles il disoit estre corporelles. Plutarque réfute ses opinions en un traicté qu’il a fait expres. Ses sectateurs l’auoient en telle reuerence qu’ils celebroient sa naissance par une feste chaque 20. du mois, & portoient son pourtraict dans des anneaux. Alex. d’Alex. liv. 3. chap. 8. Lucrece le dit avoir obscurcy la lumiere de tous les autres Philosophes, comme le Soleil celle des autres


astres. Mourut à Athènes âgé de 92 ans, & iaçoit qu’il fust fort fobre & abftinent pource qu’il mettoit le souverain bien en la volupté, l’on a appellé de son nom les hommes charnels & dissolus, Epicuriens. Diog. Laerce liv. 20. De la vie des Philosophes.

Epidamme Ville de la Macedoine dicte depuis Dyrrachium, & vulgairement, Durrazo. Voy. Dyrrachium.

Epidaphne Ville de la Syrie, appellée autrement Antioche. Voy. Antioche.

Epidaure Ville située au Peloponnese, prés de laquelle est de present Ragoufe bastie de fes ruines. Elle estoit iadis fort célèbre à caufe du Temple d’AEsculapc Dieu de la Medecine, & des oracles qu’il y rendoit, où les Romains eurent recours lors qu’ils furent affligez de la perte, faifant tranfporter ce Dieu en forme de dragon de cette ville là à Rome. Ovide, liv. 15, de ses Metam. L’on voyoit en fon temple des Tableaux pendus des Cures qu’il avoit faites. Voy. Ragoufe.

Epigones Sont appellez les enfans de ceux qui perdirent leurs parens à la première guerre de Thebes, lesquels pour vanger la mort de leurs pères, reprirent les armes sous la conduitte d’Alcmeon fils d’Amphiaraüs, fuiuant l’aduis de l’Oracle auquel second combat fut la ville de Thebes prife & ruinée. Ce mot vient de deux mots Grecs Epi, c’est à dire apres, & de gond qui veut dire lignée & posterité. Euripide.

Epimenide Philosophe & Poëte Câdiot, lequel ayant esté enuoyé par son père pour la garde de ses troupeaux, & s’eftant endormy sur le Midy en une cauerne, il y fut detenu en fommeil l’efpace de 57. ans ; mais ayant esté reconnu depuis de son frere defia vieil, il fut toufiours tenu en grand respect en Grèce, où il appaifa la