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Romme, Lagrange, Monge, Lalande, c’est-à-dire les hommes les plus capables d’exécuter les calculs nécessaires. Romme déposa le 20 sept. 1793 son rapport qui fut adopté le 5 octob. avec quelques modifications de détail : « Le nouveau calendrier, disait-il, doit porter l’empreinte des lumières de la nation et le caractère de notre révolution par son exactitude, sa simplicité et son dégagement de toute opinion qui ne serait pas avouée par la raison et la philosophie[1] ».

La première question à résoudre était celle de l’ère qu’il conviendrait d’adopter. Chez la plupart des peuples, à Babylone, à Rome, chez les Arabes, le point de départ était un fait important de l’histoire nationale : on décida que les années compteraient désormais de la proclamation de la république française, le 22 sept. 1792. « L’ère vulgaire, disait Romme, fut l’ère de la cruauté, du mensonge, de la perfidie et de l’esclavage ; elle a fini avec la royauté, source de tous nos maux. La révolution a retrempé l’âme des Français, chaque jour elle les forme aux vertus républicaines ; le temps ouvre un nouveau livre à l’histoire et dans sa marche nouvelle, majestueuse et simple comme l’égalité, il doit graver d’un burin neuf et pur les Annales de la France régénérée. » « Nous ne pouvons, disait à son tour Fabre d’Eglantine, compter les années où les rois nous opprimèrent comme un temps ou nous avons vécu. »

  1. Buchez et Roux. T. XXXI.