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propre à contenter le désir qu’ont de s’asseoir, autre part que sur l’herbe, les habitués de la promenade.

« — C’est bien simple, — dit tout à coup un Conseiller roublard, si on y faîsait mettre des bancs ?

« — Tiens ! c’est une idée ! » répliquent, d’une seule voix, le Maire et son Conseil municipal, lesquels votent d’acclamation la proposition du Conseiller roublard.

Huit jours après, huit magnifiques bancs, peints en vert, s’offraient à l’admiration des douze cents âmes de Bréthisy. Mais huit bancs, pour douze cents… âmes, c’est peu. Aussi l’administration prévoyante, pour éviter tout désordre, avait-elle fait distribuer à chaque Bréthisyen un petit carton, au moyen duquel il pouvait s’asseoir deux minutes sur chaque banc et céder sa place à un autre. Tout le monde put donc s’asseoir.

Malheureusement le vert magnifique dont les bancs étaient peints n’était pas encore sec ; si bien que le soir, en se déshabillant pour se mettre au lit, les Bréthisyens constatèrent que leurs vêtements étaient pleins de vert qu’ils s’efforcèrent, mais en vain, d’enlever. Tous les flacons de benzine qu’on put trouver à Bréthisy y passèrent, mais inutilement : les douze cents âmes durent se payer des vêtements neufs.

Elles se plaignent au Maire, qui réunit son Conseil municipal et lui expose la situation. Le Conseil municipal, perplexe, se dispute pendant une heure, cherchant, mais en vain, le moyen d’empêcher les