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GALERIE DES FEMMES

un seul moment de notre existence un siècle entier de bonheur ! » Quelle harmonie de mouvements ! quel ensemble de volonté ! quelle unité d’existence ! La nature et la volupté ont identifié ces deux corps, en établissant entre eux cette communication délicieuse, à l’aide de laquelle la vie de l’un s’écoule, pour ainsi dire, au sein de l’autre. D’Arnance et Zulmé se bercent un moment sur l’abîme des voluptés ; mais en vain l’amante économe cherche-t-elle à prolonger le charme de ce délicieux abandon, en vain essaie-t-elle de résister aux fougueux élans de ses sens embrasés, l’ivresse redouble, les transports augmentent, le torrent des désirs se précipite, et l’âme perd le sentiment du bonheur dans les convulsions de la jouissance.

L’amant a recouvré l’usage de ses facultés, mais Zulmé languit encore pâmée dans ses bras. Qu’elle est belle dans cet état ! Une larme s’échappe de ses yeux fermés à la lumière ; la pâleur du lys s’est répandue sur son visage, sa bouche est entr’ouverte, et son haleine brû-