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GALERIE DES FEMMES

lui livre enfin à discrétion. — Disparaissez, insipide décence, froide retenue, puérile délicatesse ! Accourez, douces fureurs, caprices bizarres, désirs égarés ! C’est à vous maintenant que la volupté confie son pinceau. D’Arnance ne contient qu’à peine les feux dont il est dévoré ; tous ses organes ne suffisent plus à ses transports ; ses yeux, ses mains, sa bouche se portent alternativement, et voudraient se porter ensemble sur cette bouche entr’ouverte, sur ce sein palpitant, sur ce mont embrasé que Vénus voulut honorer de son nom. Il ne peut déjà plus s’arracher à ce lieu de délices ; il y concentre ses baisers, ses soupirs, et l’aiguillon mobile d’une langue voluptueuse en interroge les plus secrets réduits. « D’Arnance ! cher et cruel d’Arnance ! murmure tout bas la délirante Zulmé ; tu brûles mes sens, tu consumes ma vie ! Arrache un moment cette bouche adorée du séjour qu’elle embrase, et viens la fixer sur des lèvres envieuses. »

Tout en parlant une de ses mains, égarée sur son amant, cherche à faire une diversion