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GALERIE DES FEMMES

de l’objet aimé. Bientôt un organe qui n’est plus celui de la parole, mais le mobile interprète du sentiment, s’insinue avec un doux effort à travers le double corail que la volupté resserre ; il pénètre, s’agite, et l’amour, qui sourit à l’illusion, est quelquefois dupe du prestige. « Ô mon cher chevalier ! s’écrie Zulmé avec un soupir, la félicité des anges est-elle autre chose qu’une éternité de baisers pareils ! » D’Arnance met à profit l’émotion vive qu’il observe et partage : d’une main adroite il dénoue les rubans qui ferment par le haut l’espèce de simarre dont Zulmé est vêtue ; le voile est écarté, et d’Arnance prodigue les baisers et les éloges au plus beau sein dont la nature ait jamais paré la jeunesse. Quelle blancheur éblouissante ! quelle coupe enchanteresse ! que ce bouton est frais ! quelles élégantes proportions dans les contours, dans le volume, dans la distance de ces pommes d’ivoire ! S’il détache un moment ses yeux de ce tableau céleste, il le retrouve autour de lui sous vingt formes différentes ; mais Zulmé, par sa position, jouit plus délicieusement encore