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GALERIE DES FEMMES

ottomane, les yeux baissés, dans le plus voluptueux embarras, elle s’amuse à effeuiller des roses pour avoir où fixer ses regards. Le chevalier, habile dans l’art des ménagements, semble, dans ce premier moment, oublier ses prétentions : et prenant l’accent le plus tendre : « Ma chère Zulmé, dit-il en s’asseyant auprès d’elle, et prenant une de ses mains qu’elle abandonne sans lever les yeux de sur ses roses, éclaircissez un doute qui s’élève dans mon esprit ; dites-moi si mon bonheur n’est pas une illusion, si je ne m’abandonne pas aux séduisants prestiges dont votre image a si souvent embelli mes rêves ? Est-ce bien vous ? est-ce bien moi ?… » Zulmé serre tendrement la main du chevalier ; et le regardant avec l’expression du sentiment : « La réalité a-t-elle donc pour vous si peu de charme, que vous puissiez la confondre avec un vain songe ? — Ma Zulmé, c’est de l’accomplissement de ses vœux les plus chers que l’on doute plus facilement. » Il lui baise la main, et passe un de ses bras autour de sa taille ; elle se penche sur lui, il prend un